26mars 2021

Avis sur le Kala KA-SCG

Le premier avis que je vous partagerai sur un ukulélé concerne un vieux partenaire, sur lequel je joue depuis plusieurs années.
Il s'agit de ma seconde acquisition. Un jour de printemps, j'ai voulu monter de gamme et ai porté mon dévolu sur un instrument de taille concert, avec une table en bois massif, afin d’avoir un son un peu riche et complexe. J’avais alors choisi le Kala KA-SCG, que je vous détaille dans ce billet.

Kala KA-SCG, mar. 2021

Un peu de contexte

La marque Kala
Kala est une des marques les plus connues et distribuée dans le petit monde du ukulélé. En comparant à l'univers de la guitare, on peut sans doute la rapprocher de références comme Yamaha ou Ibanez.
L'entreprise californienne se positionne sur la plupart des tranches de prix, avec une qualité généralement très satisfaisante. On peut noter que son cœur de métier est plutôt centré sur les gammes moyenne et moyenne supérieure. En effet, ses instruments pour débutants se retrouvent souvent sous la bannière 'Makala', et les modèles 'élites' (fabriqués aux U.S.A) ne sont pas légions, du moins dans nos contrées.
Les produits Kala ont un rapport qualité / prix très correct et sont très largement distribués. Ils se trouvent aisément dans toute boutique de musique (en ligne ou non). Notez que d'autres marques, moins mises en avant, peuvent avoir un ratio un peu plus intéressant (moins de marketing, moins de volumes mais peut être plus d'attention sur les finitions).

Mon KA-SCG
Je recherchais, il y a quelques années, un modèle sympa autour des 200 euros, possédant à minima une table massive. J'avoue que j’étais très curieux de tester un Kala, afin de vérifier si le ramage se rapportait au plumage. J'ai alors opté, sur conseil d'un avisé vendeur, pour le KA-SCG. Je bichonne ce dernier depuis qu'il a fait son nid chez moi.

Spécifications

Il s'agit d'un joli ukulélé bicolore de taille concert (diapason 378 mm), dont les caractéristiques sont tout à fait décentes :
- Table en épicéa massif
- Fond et éclisses en acajou laminé
- Manche en acajou
- Touche et chevalet en palissandre, avec des repères blancs
- Sillets en Graph Tech NuBone®
- Mécaniques fermées (bain d’huile)
- 18 frettes
- Finition brillante laissant voir la teinte naturelle des bois
- Filet noir et blanc autour de la table et de la bouche (rosace)
- Cordes Aquila Super Nylgut (montées d'origine, du moins sur le mien)

Esthétique et finitions

J'apprécie vraiment l'aspect de cet instrument, qui dans un gabarit assez standard, offre un beau rendu. Voici un panorama de ce qu'il propose.

Détails du Kala KA-SCG, mar. 2021

Le corps
Le corps est composé de la table en épicéa massif, des éclisses formées de deux pièces d'acajou, et d'un fond assez plat dans ce même type de laminé (la photo ci-dessus laisse penser qu'il est bombé mais c'est un effet d'optique).
J'aime cette alliance de bois clairs et foncés, tant sur le plan de l'esthétique que du timbre induit. Cela nous change un peu des traditionnels tout acajou ou tout acacia (et même sur sacro-saint koa).
Un filet noir et blanc, assez élégant, fait la jointure entre la table et les éclisses. Il est très bien posé et je ne distingue aucun défaut.
Le dos est séparé en deux par une ligne noire qui se prolonge sur le bas de l'instrument. Nul doute que celle-ci permet de masquer la jointure entre les deux morceaux des éclisses. Le fond me parait fait d’une pièce (malgré la présence de cette délimitation). Ce tracé n'est absolument pas disgracieux, mais j'avoue que j'aurais autant aimé m'en passer. Le même filet noir fait la jonction entre le dos et les côtés.

Le vernis brillant appliqué sur l'ensemble du corps est très réussi. Il n'y a qu'au niveau de la rosace où j'ai pu noter de discrètes coulures. Le problème commun à ce type de finition est la sensibilité aux rayures. Après quelques semaines de jeu, le dos de mon KA-SCG présentait déjà quelques discrètes traces. Fermetures éclair de gilet, boucle de ceinture, boutons métalliques sauront graver de souvenirs de toute session musicale un brin remuante.  

Le chevalet installé sur la table d'harmonie a une forme classique, nommée traditionnellement ‘Tie Bar’, avec pour sillet une barrette en matériau de synthèse (aux propriétés proches de l'os). Le changement de cordes se fait facilement avec ce type de design, une fois que l'on a compris comment réaliser le nouage adéquat. Je trouve la couleur du bois retenu pour cette pièce un peu pâle. Elle me semble ainsi peu accordée avec la teinte de l'acajou employé par ailleurs.

En jetant un coup d'œil à l'intérieur du corps, le travail paraît propre et soigné. Aucune coulée de colle ou éclats de bois ne sont visibles. Je n'ai pas de compétence particulière en lutherie, mais les pièces de barrage que je peux distinguer, qui soutiennent la fine table d'harmonie, m'ont l'air d'être solidement fixées en place. J'adore 'sniffer' l'intérieur des ukulélés, car certains sentent trop bon ! Le cœur de celui-ci dégage une senteur de colle blanche, pas désagréable mais non mémorable.

Le manche et la tête
Le manche est en acajou, avec une jointure assez visible au niveau du talon. Sa touche est en palissandre, agrémentée de repères perloïdes blancs en cases 5,7,10 et 12. Un filet noir, prolongeant celui du corps, borde les deux côtés. Le repères de position sont rappelés sur ce binding, sous forme de petits points en tranche supérieure.
Le profil de ce manche est un classique de chez Kala, assez fin (36 mm au niveau du sillet en NuBone) et arrondi. Il conviendra assez bien aux petites mains, beaucoup moins aux paluches d'orangs outans.
L'arrière du manche est enduit d'un vernis brillant. Je préfère généralement une finition satinée avec un profil plus plat et large. Je n'ai toutefois jamais noté de gêne particulière à jouer sur celui-ci.
L'intonation générale et la hauteur des cordes sont tout à fait correctes. Je n'ai pas ressenti le besoin de faire régler l'instrument depuis son acquisition. Les cordes pourraient être un brin plus basses, mais je chipote.

Les frettes (en maillechort très certainement) sont correctement posées et poncées. Les côtés ne sont ni coupants, ni rugueux. Nous disposons de 14 cases jusqu'à la jonction avec le corps, 18 au total. Le bas de la touche n'est pas très travaillé et fini par un 'tout droit' qui déborde sur la rosace. Le résultat n'est pas très heureux. J'aurais préféré moins de cases (les dernières étant de toute façon quasi injouables, comme souvent) et une finition en pointe ou en arabesque, comme sur certains modèles Martin.

La tête reprend la forme caractéristique des ukulélés de la marque, avec ses trois pointes. Elle est en acajou vernie et affiche le logo KALA BRAND doré (probable décalco vernie). Elle dispose de mécaniques fermées génériques, d’une efficacité très satisfaisante. L'instrument tient bien l'accordage et est facile à ajuster. Seul le réglage de ma corde de Do peut être parfois un petit peu capricieux, la mécanique associée étant un tantinet moins précis sur mon uke. Petit détail un peu ridicule : l'autocollant 'Made in China' placé sur l'arrière de la tête. On trouve les mêmes sur des robots en plastique à 50 centimes, au rayon jouet du Shopi au coin de la rue. Sa présence est sans doute requise, mais je l’aurais caché dans un coin.

Kala KA-SCG : made in China, mar. 2021

Les cordes
Le KA-SCG est équipé, lors de l'achat, de cordes Aquila Super Nylgut qui lui siéent complètement. J'ai essayé des Worth Clear en fluocarbone pendant quelques semaines. Le résultat était assez peu probant : manque de volume très marqué, 'chunk' à la sonorité presque plastique. Quelque part, c'est à ça qu'on reconnait un instrument de qualité : sa versatilité vis à vis des types de cordes. Actuellement, il est monté en Aquila Lava, les sœurs métisses des Super Nylgut, et il chante alors comme un pinson.

Qualité sonore et confort de jeu

J'aime le son clair que délivre ce ukulélé. Il possède une vraie richesse par rapport à la plupart de ceux en laminé que j'ai pu manipulés jusqu'alors.
Le sustain (capacité de l'instrument à maintenir la note) est très satisfaisant. Le KA-SCG s'en sort aussi bien en strumming (accord grattés) qu'en arpèges. Ses sonorités sont sans doute moins marquées que celles des ukulélés tout acajou (de la vivacité mais beaucoup d'aigus), et apportent sans doute moins de rondeurs 'hawaïennes' que ceux en koa (acacia) ou manguier. Brillant et moins typé, ce petit Kala offre une polyvalence intéressante.

Un point m'a étonné, la projection de l'instrument n'est pas bluffante. Le volume sonore qu'il dégage est moins impressionnant que bon nombre d'autres modèles (qu’ils soient plus ou moins chers, dans tous types de bois). Beaucoup estimeront que c'est un désavantage, mais si vous habitez en appartement, vos voisins salueront la différence. De plus, puissance n'est pas gage de qualité : préférez-vous les cris des supporters du Parc des Princes ou la douceur des morceaux d'Enya (Only time par exemple) ?

J'attacherai sous peu des pistes audio à ce billet, pour que vous puissiez vous faire une idée des gazouillis de ce drôle d'oiseau.

Ce ukulélé est assez léger et bien équilibré. Son gabarit et son profil sont parfaitement adéquats : il se loge bien entre le bras et le torse et peut être très aisément joué, debout ou assis, sans assistance d'une sangle.

Equipement complémentaire

Je crois qu'à l'achat neuf, il n'est ni accompagné de housse, ni du moindre accessoire. A ce niveau de prix, l'instrument devrait au minimum venir avec son sac protecteur. C'est un mauvais point pour Kala : la concurrence (par exemple Flight ou Ortega) fournit souvent un packaging plus riche dans cette même gamme de tarif.
Je n'ai pas eu ce soucis, car la boutique Major Pigalle, où j'avais acheté ce uke pour environ 200 euros, m'avait fourni une housse d'une autre marque ainsi qu'un accordeur Stagg. Vive le petit commerce !

Conclusion

Ce Kala KA SCG est un des modèles avec table en bois massif les moins onéreux de la gamme. L'esthétique et le niveau de finition de ce ukulélé concert sont au rang attendu et la palette sonore qu'il peut déployer est vraiment intéressante.
On pourra lui reprocher :
- quelques infimes détails esthétiques,
- le manche Kala (dont certains n'apprécient pas l'étroitesse et le profil rond),
- sa projection sonore un peu timide.

Note ukulely : 73/100
- Matériaux et accastillage : 15,5/20
- Esthétique et finitions : 15,5/20
- Qualité sonore : 14/20
- Confort de jeu : 15/20
- Rapport qualité/prix et équipements : 13/20

Recommandation d'achat :
Neuf : oui, mais à mettre en concurrence avec d'autres modèles du marché.
Occasion : sautez dessus si vous le trouvez en bon état à moins de 130 €.

Nota
Ces notes et recommandations ne reflètent que mon avis actuel. Elles pourront peut-être évoluer après de futures rencontres avec de nouveaux instruments. Dans tous les cas, je vous invite à les considérer comme honnêtes et de bonne foi, mais à ne pas les suivre aveuglément. Si ce ukulélé vous intéresse, cherchez d'autres tests sur la toile et documentez-vous bien. Encore mieux, essayez-le avant de l'acheter, si cela est possible.