21mai 2021

Avis sur le RISA Uke Solid Tenor

Les beaux jours arrivent, bientôt les vacances ! Naît alors en vous l'envie de migrer vers la mer, la campagne ou la montagne ?
L'idéal serait alors de partir accompagné d'un petit ukulélé costaud, pratique et peu encombrant, afin de continuer à travailler vos morceaux préférés, de composer à l'ombre d'un arbre séculaire.

Chronique cette semaine d'un modèle atypique, le RISA Uke Solid Tenor, qui saura satisfaire bon nombre de musiciens baroudeurs ainsi que les ukulélistes qui, comme moi, doivent jouer dans de petits espaces sans trop déranger familles et voisins.  

Un peu de contexte

La marque RISA
RISA Musical Instruments est une des références du ukulélé en Europe.  Son site (www.ukulele.de) est une importante plateforme de vente en ligne de ukes, qui délivre des instruments dans plus de 40 pays. L'entreprise ne se contente pas de vendre des ukulélés de marque comme Kamaka, KiwayaBig Island, Magic Fluke, etc. Elle conçoit également ses propres modèles, tant traditionnels qu'électriques (et même audacieux), qu'elle produit généralement dans ses deux usines européennes.

Mon Uke Solid
Je cours souvent après le temps libre. Aussi, il n'est pas rare que mes fenêtres de tir, pour pouvoir gratouiller les quatre petites cordes malicieuses de mes instruments fétiches, se trouvent positionnées tard le soir, quand tout le monde est couché. Or, j'habite en appartement avec ma petite famille, j'ai donc besoin d'avoir un instrument discret, limite muet, afin d’être à même de jouer sans réveiller la maisonnée.

Il y a quelques années, je suis donc parti en quête d'un 'silent uke'. Je voulais un instrument au son à vide modéré, peu encombrant et pouvant être trimballé partout. J’ai trouvé, au détour d'une petite annonce, ce petit RISA Solid en taille ténor, que j'ai alors troqué contre une guitare de voyage qui dormait dans mes placards. Je n'ai pas regretté cet échange.

Caractéristiques

- Corps, manche et touche composés du même bloc de noyer américain
- Diapason de 17 pouces (432 mm)
- 18 frettes (dont la zéro)
- Repères Perloïd rectangulaires
- Chevalet fixe métallique
- Mécaniques de type banjo au rapport 1:4
- Micro Shadow Piezo (Passif)
- Finition satinée au rendu naturel 
- Cordes montées à l'origine : fluocarbone RISA-Premium
- Fournie avec une housse adaptée
- Masse d'environ 400 g

Design, esthétique et finitions

Le Uke Solid ressemble plus à une pagaie ou une batte de cricket qu'à un ukulélé. Composé d'un seul bloc de noyer américain, il s'agit globalement d'un manche prolongé d’un renflement un peu plus large où sont intégrés chevalet, mécaniques, et système de sonorisation. Bien qu’ayant un diapason de ténor, il est vraiment très court et ultra fin (53 cm x 8 cm x 3 cm), ne disposant en effet d’aucune caisse de résonnance. Il est ainsi hyper costaud et super transportable. Il se glissera aisément dans un sac de sport ou une valise, sans inquiétude pour sa survie en milieu hostile.

Le manche
On peut considérer que ce RISA n'est globalement qu'un manche, mais quel manche ! Fin et franchement plat, avec un profil très rectangulaire, il est de prime abord assez surprenant mais au final vraiment agréable à jouer. Il est agrémenté de 18 frettes parfaitement polies, dont une 'zéro', ce qui nous donne alors 17 cases. De gros marqueurs en Perloïd, rappelant ceux que l'on trouve sur les guitares typée Les Paul, parent la touche en 1, 3, 5, 7,10, 12 et 15. Ce type de repères se retrouve assez rarement sur nos ukulélés. Je ne comprends pas pourquoi, car le rendu est pour moi très réussi.

Aucune tête ne coiffe le somment du manche, ce qui donne une esthétique toute particulière à l'instrument. Les cordes s’enfilent simplement par de petits trous, sur l’arrière, et sont ensuite déposées sur la frette 0.

Le corps
Ce que l’on peut désigner comme 'corps' est une sorte de O gothique, d'une vingtaine de centimètres de haut. Les cordes traversent la partie évidée de celui-ci avant de reposer sur un chevalet en métal, disposant d'un sillet en matière plastique ou composite. Elles font ensuite un demi-tour sur un tube métallique pour finalement rejoindre les mécaniques apposées sur la tranche supérieure de ce mini-corps. Celles-ci sont vraisemblablement des modèles normalement utilisé pour les banjos. Elles sont précises, proposent un ratio de 1:4, et tiennent très bien l'accordage. Il m'arrive de reprendre l'instrument après des semaines sans avoir à le régler de nouveau. Elles sont bizarrement positionnées, en diagonale. Bien que cela ne soit pas très orthodoxe, je ne trouve pas le rendu disgracieux.

L'électronique est masquée dans une zone au bas de l'instrument, d'environ 5 par 8 cm. Seule une prise jack standard est ainsi positionnée sur la tranche inférieure, il n'y a aucun bouton ou potentiomètre de réglage. Je n'ai pas démonté le système, mais je présume que le micro piézoélectrique passif est naturellement dissimulé dans le chevalet.

Vous noterez qu'un morceau de feutrine est disposé sur la maigre surface disponible du corps de mon ukulélé. C'est un ajout réalisé depuis l'achat initial. Il masque un velcro qui me sert parfois à fixer un mini multi-effet Korg.

Deux boutons de fixations (strap buttons) sont positionnés, en bas et à l'arrière de l'instrument. Ils sont absolument nécessaires, car ce uke est quasiment inutilisable sans sangle.

Les cordes
Ce ukulélé est originellement monté avec des cordes fluocarbones fournies par RISA. Le mien est toujours équipé en 'fluos', avec des Martin il me semble. Le résultat me convient parfaitement, l'action est très basse, l'intonation idéale. Du fait du positionnement assez étrange des mécaniques, le changement de cordes, et même l'accordage au quotidien, sont un peu déroutants (sans être toutefois vraiment malaisés).

Finitions
Les finitions sont impeccables, je n'ai aucun grief à partager. Vous pourrez me rétorquer qu'il n'y a pas grand-chose à rater sur un produit aussi minimaliste.

Qualité sonore et confort de jeu

Difficile pour moi de m'étendre beaucoup sur la qualité sonore de ce Uke Solid, car je le joue la plupart du temps sans le brancher. Il émet alors un son assez discret, dont le volume produit me semble un peu supérieur à celui d'une guitare électrique (à vide), suffisamment clair et défini pour permettre de travailler correctement des morceaux dans un environnement calme.

Branché, le petit gars assure vraiment pas mal, délivrant une belle palette sonore. Bien sûr, cela dépend grandement de l'ampli utilisé. Je n'ai pas ukulélé électro-acoustique sous la mains ces temps-ci. J'enrichirai peut-être ce billet quand j'aurai l'occasion de faire une comparaison objective.

Le RISA nécessite une sangle pour être joué correctement. Autrement, il est vraiment difficile de le plaquer contre son torse et compliqué de le faire reposer sur ses cuisses (en position assise).

RISA Solid Uke en action, mai 2021

La petitesse de l'instrument, la configuration générale (avec notamment le positionnement des mécaniques) peuvent dérouter lors des premières heures de jeu. Elles ne sont, au final, pas réellement gênantes. D'autre part, je comprendrais que l'absence de tête en haut du manche puisse perturber certains. Pour moi, c'était oublié au bout de cinq minutes.

En revanche, un point m'a dérangé pendant quelques temps : comment positionner sa main pour assurer un fingerpicking confortable ? Le ukulélé étant d'un petit gabarit pour un ténor, ma main droite se trouvait assez naturellement située à la jonction du (mini) corps et du (vrai) manche. L'action étant très basse, mes ongles frottaient parfois sur la surface en bois sous les cordes, provoquant fautes de rythme ou imprécisions. Je ne ressens absolument plus cette gêne désormais, mais j'ai souvenir que ce point m'a perturbé pendant quelques jours.

Equipement complémentaire

Le RISA Solid Uke est livré avec une housse noire parfaitement adaptée. Rectangulaire, peu encombrante, d'une dimension d'environ 55 par 11 cm, elle me fait presque penser à un étui de flute traversière. De bonne facture, elle résiste vaillamment aux assauts du temps.

Prix par rapport au marché, disponibilité

On trouve le RISA Uke Solid bien évidemment sur ukulele.de, mais également sur quelques grandes plateformes en ligne (Thomann, Gear4music, Boutikazik), à un tarif positionné entre 300 et 350 euros. Ce modèle est également décliné en des versions soprano et concert, un peu moins onéreuses, mais à la finition plus simple (érable). Je ne l'ai jamais encore vu physiquement vu dans une boutique de musique (locale). Toutefois, le modèle étant désormais assez reconnu, il est peut-être possible de le croiser dans certaine bonnes échoppes.

Estimer le rapport qualité de prix de ce uke n'est pas aisé, car l'animal est un peu d'orgine martienne. En jetant un regard basique sur l'objet, on peut se dire que c'est un peu cher payé pour un morceau de bois, certes beau et massif, mais assez simplement usiné (du moins par rapport à un instrument à caisse), associé à quelques composants d'accastillage et d'électronique. Toutefois, le design est assez remarquable, la finition impeccable et le son produit une fois branché persuadera bon nombre de joueurs confirmés et mélomanes.

Il y aurait éventuellement d'autres modèles, un peu approchants, auxquels on pourrait essayer de comparer le Uke Solid. Par exemple, le BugsGear eleuke peanut, moins cher mais au design et finitions peut être plus discutables.Il existait le Rocktile Silent Ukulele, à l'esthétique agréable mais qui n'avait pas très bonne presse. Il ne me semble plus produit à ce jour. Il y a d'autres étrangetés, que l'on ne trouve que sur amazon à moins de 100 euros, notamment proposés par la marque Ammoon.

Tout à voir par son originalité, mais moins comparable vis à vis du volume sonore et de la discrétion, j'aurais également envie de mettre ce RISA face à un Motu. Solides, bien pensés, faciles à transporter : les deux instruments sont un peu cousins bien, qu'ayant bien sûr leurs spécificités. Même équipé d'un micro optionnel, le Motu Nui reste moins cher, et peut être un brin plus sympa. J'ai pour objectif de chroniquer ce modèle, j'actualiserai alors ce billet en fonction.

Conclusion

Ce RISA Uke Solid Tenor est un drôle d'instrument qui dénote, mais qui sait sortir des notes, et des belles ! De grande qualité, mais avec une drôle d'allure, il bluffe généralement ceux qui l'essaye, après parfois un petit temps d'adaptation. Robuste et baroudeur, discret quand il n'est pas branché, expressif et généreux s'il est associé à un bel amplificateur, ce drôle d'engin a plus d'une corde à son chevalet, et saura ravir les ukulélistes ayant soit la bougeotte, soit des voisins exigeants.
Apparié à un petit ampli de voyage, type Vox Amplug 2, il devient une solution ultra mobile pour travailler au casque où que l'on veut.

Certains pourraient être éventuellement réservés, du fait :
- de sa drôle d'allure,
- de son manche très plat et rectangulaire,
- de l'absence de tête,
- de la quasi nécessité d'utiliser une sangle,
- d'un tarif difficile à pleinement justifier.

Note ukulely : 77/100
- Matériaux et accastillage : 16/20
- Esthétique et finitions : 16/20
- Qualité sonore : 16/20
- Confort de jeu : 15/20
- Rapport qualité/prix et équipements : 14/20

Recommandation d'achat :
Neuf : Oui, si vous recherchez exactement ce type de produit, un discret et robuste ukulélé, facile à transporter, avec un super son une fois branché.
Occasion : Oui, profitez de tester ce drôle d'engin si vous le trouvez en bon état à moins de 200 €.

Nota
Ces notes et recommandations ne reflètent que mon avis actuel. Elles pourront peut-être évoluer après de futures rencontres avec de nouveaux instruments. Dans tous les cas, je vous invite à les considérer comme honnêtes et de bonne foi, mais à ne pas les suivre aveuglément. Si ce ukulélé vous intéresse, cherchez d'autres tests sur la toile et documentez-vous bien. Encore mieux, essayez-le avant de l'acheter, si cela est possible.